Lettre aux copaines

Le dernier dimanche du mois je raconte où j'en suis dans l'écriture du roman en cours, les voyages de recherche et les transitions de vie. Comme si vous étiez des copaines. Base actuelle : Athènes.

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Par mélie boltz nasr
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Lettre XV - Brève

C'est la quinzième. Elle est brève.

Chèr·es Copaines,

Je vous écris, c’est samedi, la nuit dernière Beirut a été bombardée, la nuit dernière l’armée israélienne a bombardé Beirut, pour être précix. Elle bombarde tout le pays depuis plusieurs jours. Dix jours auparavant elle a transformé des outils de communication en minuscules bombes qu’elle a fait exploser à distance. Au travers du pays on compte plus d’un millier de mort·es et plusieurs milliers de blessé·es. Je vois passer des décomptes qui séparent les femmes, les enfants, et les hommes, comme si - une fois de plus - les hommes de la région n’étaient pas des civils.

Je vous avoue que le cœur n’y est pas.

À ma droite la mer Egée est calme comme un lac, devant moi, les plus matinales préparent la terrace, la lumière est jaune claire et demain soir je prends le ferry pour Athènes. Je suis à Lesvos depuis cinq semaines. J’aurais eu des choses à vous raconter à ce sujet. Une autre fois. Peut-être.

Je n’ai pas envie d’écrire plus.

Je me sens pourtant une obligation d’expliquer, expliciter, de rappeler des choses élémentaires comme “vivre dans le même quartier qu’une cible de l’armée israélienne ne devrait pas être une condamnation à mort”.

À quoi ça sert de répéter. Encore. Après presque une année de génocide à Gaza, alors que la Cis-Jordanie est toujours violemment colonisée et opprimée, à quoi ça sert de dire qu’un troisième territoire ne mérite pas les bombes, les missiles, les discours de haine et les ordres d’”evacuation” qui ne sont, en réalité, que des ordres de fuir le plus vite possible dans l’espoir que la zone suivante ne soit pas ensuite bombardée à son tour. À quoi ça sert, dites moi.

À force, j’ai l’impression de mendier.

D’autres personnes savent écrire et se mobiliser dans l’instant, je vous laisse les lire, les suivre, appeler vos proches, signer des pétitions, partir en manifestation et prendre le temps des analyses. Parmi les sources que je vous suggère, hormis le célèbre et francophone l’Orient le jour, par exemple Megaphone News, the Lawyard, Al Jazeera et Middle East Eye.

En attendant, Ibrahim et sa famille ont toujours besoin d’aide financière. Le lien est ici. On s’est eu·es au téléphone, en visio, mon mauvais arabe, son anglais approximatif, et beaucoup de google translate. Son compte a été supprimé par instagram, il en a crée un nouveau. Dans le même temps, j’ai été contacté Hamed, un dentiste. Leur tente n’est plus étanche à l’eau, très concrètement il demande de l’aide financière pour ce quotidien. Voici le lien vers sa cagnotte.

Ajout: je corrige et relis cette brève dimanche matin, je vois aussi la cagnotte co-organisée par quelqu’une que certain·es ici connaissent. Elle vient soutenir et aider des travailleuses migrantes au Liban. À chaque bouleversement du pays, c’est l’une des populations les plus précaires. Voici le lien pour comprendre ce dont ça s’agit et aider si vous le pouvez.

Partagez ces cagnottes - ou d’autres - parlez en à des proches qui n’ont peut-être pas la chance ou le temps de se renseigner, qui ne connaissent pas des concerné·es, qui ont de l’argent, je ne sais pas, soyez créativ·fes. Le plus efficace c’est de le faire via Whatsapp ou texto, des messages directs pour parler vraiment aux gens. C’est normal de devoir expliquer, de préciser que la cagnotte est safe, comme je le disais dans la newsletter précédente, les gens ont peur de se faire arnaquer.

Je suis mono-focus sur le mashrek, c’est vrai, le Congo, le Soudan, Kanaky pour ne nommer que quelques lieux méritent plus d’attention. D’ailleurs, celleux qui veulent m’envoyer des cagnottes ou autre liens pour ces populations, j’essayerai de relayer dans les prochaines newsletters.

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